L’âge de faire : « La politique vaccinale, otage des labos »
Article reproduit avec l’aimable autorisation de L’âge de faire : www.lagedefaire-lejournal.fr
L’âge de faire n° 105 • Février 2016
Très critique avant son arrivée au gouvernement, la ministre de la santé, n’hésitant pas à renier ses promesses de campagne, s’est finalement pliée à la politique vaccinale telle qu’imposée par l’industrie pharmaceutique.
C’était en mai 2015. Marisol Touraine clamait que « la vaccination, cela ne se discute pas ». Moins d’un an plus tard, cette même ministre de la santé lance un « plan d’action pour la rénovation de la politique vaccinale », lequel promet notamment l’organisation d’une « grande concertation publique »…
Le gouvernement ne pouvait plus faire la sourde oreille face à une menace grandissante quant à sa politique vaccinale. En témoigne le succès de la pétition lancée par le professeur Henri Joyeux en 2015 : en quelques jours, l’appel de ce médiatique (et controversé) chirurgien cancérologue, réclamant que « le vaccin DT Polio simple et sans aluminium soit de nouveau rendu disponible », a été signé par plus de 700 000 personnes.
C’est que, après avoir fait l’unanimité, la vaccination interroge, pas tant sur son principe que sur la façon dont elle est menée par l’Etat, et commercialisée par les laboratoires pharmaceutiques. Et il semble de plus en plus certain que le premier n’a aucun pouvoir sur les seconds…
Une plainte pour escroquerie
Trois épisodes récents sont venus renforcer la méfiance de la population : la généralisation, dans les années 1990, de la vaccination contre l’hépatite B, qui sera soupçonnée de provoquer des scléroses en plaques ; l’abandon du vaccin DTPolio simple et sans aluminium, en 2008, suite à une prétendue augmentation d’effets indésirables ; la commande de 94 millions de vaccins contre la grippe A en 2009, qui a abouti à un gigantesque fiasco. Et on ne parle pas des multiples conflits d’intérêts révélés par différents médias concernant des laboratoires privés, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), le ministère de la santé…
Résultat des courses : selon le baromètre Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé), en 2010, on ne comptait plus que 61 % des 18-75 ans se disant favorables à la vaccination.
En 2012, Marisol Touraine elle-même, d’ailleurs, trouvait beaucoup à redire sur la politique vaccinale. L’association E3M, qui regroupe des malades atteints de myofasciite à macrophages – dont on suspecte qu’elle est provoquée par l’aluminium contenu dans les vaccins –, a interpellé les candidats à la présidentielle sur ce sujet. Dans un courrier daté du 20 avril – c’est à dire à la veille du premier tour –, celle qui était alors responsable du Pôle social de la campagne de François Hollande déplorait « la gestion catastrophique de l’épidémie de grippe A » et les « graves conflits d’intérêts ayant provoqué de trop nombreux scandales sanitaires ». Elle écrivait aussi que « de nombreuses études ont ainsi alerté sur le possible potentiel cancérigène et perturbateur endocrinien des sels d’aluminium ». En tout état de cause, elle estimait que « [les familles] doivent également avoir le choix de faire procéder aux vaccinations obligatoires sans sel d’aluminium, d’autant plus que cela était le cas jusqu’en 2008 ». Depuis, Marisol Touraine est ministre de la santé, et les laboratoires pharmaceutiques n’ont rien eu à changer de leurs méthodes.
Pourtant, la raison invoquée par Sanofi Pasteur pour expliquer l’abandon du DTPolio sans aluminium a du mal à convaincre. Officiellement, le laboratoire aurait constaté, début 2008, une hausse subite d’effets indésirables suite à l’injection de ce vaccin utilisé depuis l’après-guerre. L’association E3M a étudié cette surprenante hausse, et a finalement déposé une plainte contre X pour « faux, usage de faux, et escroquerie ».
Les chiffres présentés par l’ANSM pour justifier ce retrait ont, il est vrai, de quoi surprendre : le nombre d’effets indésirables pour le DTP sans aluminium évoluait, selon les années, entre 3 et 4 pour 100 000 doses injectées. En 2007, miracle, ce taux descend à seulement 1,08. Mais dès le début 2008, ce taux passe subitement à 10,7… E3M soupçonne donc que les effets indésirables constatés en 2007 n’ont été comptabilisés que début 2008 afin de provoquer artificiellement ce pic. Si vous voulez tuer votre chien non-vacciné, accusez-le d’avoir la rage…
« Quand on a apporté nos preuves, ni l’Agence du médicament ni le ministère de la santé n’ont diligenté d’enquête, rapporte Didier Lambert. L’industrie avait décidé de retirer ce vaccin, et tout le monde a suivi. » « Les investigations qui ont été conduites avec l’ANSM n’ont pas permis de détecter la raison de ces effets indésirables », reconnaît la responsable de la communication à Sanofi Pasteur.
Et puis, « nous avions à l’époque un vaccin qui pouvait prendre le relais, le Revaxis [avec adjuvant aluminique, Ndrl]. Depuis cette date, il n’y a pas eu d’éléments nouveaux qui nous auraient permis de remettre [l’ancien vaccin] sur le marché ».
Les labos forcent la main
Aujourd’hui, « les familles » ont tout juste la liberté de s’en tenir uniquement au vaccin obligatoire DTP : quand les labos ne se disent pas en rupture de stocks, il est disponible, mais uniquement sur demande expresse du médecin ou en cas de contre-indication à la vaccination coquelucheuse. Seuls sont disponibles sur le marché courant des vaccins tétravalent (DTP plus coqueluche), pentavalent (avec en plus l’haemophilus influenza) et hexavalent (avec en plus l’hépatite B). Certes, un récent rapport sur la politique vaccinale pointe, sans doute à raison, le manque de pertinence de l’actuelle différenciation entre les vaccins obligatoires et ceux qui ne sont que recommandés. Mais les laboratoires ont, de toute façon, forcé la main de l’Etat (et les caisses de la Sécu) en ne commercialisant plus le DTP seul.
De même, « les familles » ne peuvent plus se procurer de vaccins sans adjuvants aluminiques.
« L’aluminium est l’adjuvant qui est le plus documenté dans le monde entier, argumente la responsable de Sanofi. Il a été
utilisé dès 1925. Des milliards de doses de vaccins contenant de l’aluminium ont été vendues et administrées. C’est l’adjuvant pour lequel le recul en termes de tolérance et d’efficacité était le mieux documenté. » Peut-être…
Après avoir évoqué en 2012 les « nombreuses études [ayant] alerté sur le possible potentiel cancérigène et perturbateur
endocrinien des sels d’aluminium », la ministre s’est pour sa part laissée convaincre.
Le 12 janvier, pour présenter son plan de rénovation vaccinale, elle a ainsi affirmé que « les scientifiques sont unanimes » sur cette question. Ce qui est faux, bien entendu : des chercheurs reconnus internationalement doutent de plus en plus sérieusement de l’innocuité de ce produit. Après s’être mis en grève de la faim devant le ministère de la santé, les adhérents d’E3M avaient arraché début 2013 un petit chèque destiné à financer de la recherche sur le sujet. 150 000 euros, c’est une broutille dans le domaine, mais cela a quand même permis à l’équipe du professeur Gherardi, de l’Inserm, de travailler.
Elle pourrait rendre ses premières conclusions dans les mois à venir. Et il paraît que, pour l’aluminium, les résultats ne sont pas brillants.
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!